VERS. 1: «La première année de Belschatsar, roi de Babylone, Daniel eut un songe et des visions de son esprit, pendant qu’il était sur sa couche. Ensuite il écrivit le songe, et raconta les principales choses».
Il s’agit du même Belschatsar mentionné dans Daniel 5. Chronologiquement ce chapitre précède le cinquième; mais ici, la chronologie est laissée de côté pour que la partie historique du livre reste séparée du reste.
VERS. 2-3: «2 Daniel commença et dit: Je regardais pendant ma vision nocturne, et voici, les quatre vents des cieux firent irruption sur la grande mer. 3 Et quatre grands animaux sortirent de la mer, différents l’un de l’autre.»
Daniel relate lui-même sa vision.--Le langage des Ecritures doit toujours être pris dans son sens littéral à moins qu’il y n’ait de bonnes raisons pour le prendre dans son sens figuré. Tout ce qui est figuré doit être interprété par ce qui est littéral. Que le langage employé ici soit symbolique est évident à partir du verset 17, qui dit: «Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui s’élèveront de la terre.» Que cela se réfère à des royaumes, et pas seulement à des rois individuels, est évident dans le verset 18: «les saints du Très-Haut recevront le royaume». En donnant l’explication du verset 23, l’ange dit: «Le quatrième animal, c’est un quatrième royaume qui existera sur la terre». Ces quatre animaux sont des symboles de quatre grands royaumes. Les circonstances dans lesquelles ils s’élevèrent, tels qu’ils sont représentés dans la prophétie, sont aussi décrites dans un langage symbolique. Les symboles introduits sont les quatre vents, la mer, quatre grands animaux, dix cornes, et une autre corne qui a des yeux et une bouche et qui fit la guerre contre Dieu et contre Son peuple. Il nous faut maintenant nous informer de leur signification.
Dans le langage symbolique les vents représentent des luttes, des agitations politiques, et des guerres, comme nous le lisons dans le prophète Jérémie: «Voici, la calamité va de nation en nation, et une grande tempête s’élève des extrémités de la terre. Ceux que tuera l’Eternel en ce jour seront étendus d’un bout à l’autre de la terre» (Jérémie 25:32, 33). Le prophète parle d’une controverse qu’il aura avec les nations. La lutte et l’agitation qui sont à l’origine de toute cette destruction sont appelées «une grande tempête».
Que ces vents représentent les luttes et les guerres est évident dans la vision elle-même. Comme résultat des vents qui soufflent, les royaumes s’élèvent et tombent sous les agitations politiques.
Les mers et les eaux, quand elles sont utilisées comme symbole biblique, représentent des peuples, des nations, et des langues. L’ange dit au prophète Jean: «Les eaux que tu as vues,. . . ce sont des peuples, des foules, des nations, et des langues» (Apocalypse 17:15).
La signification du symbole des quatre bêtes est donnée à Daniel avant la fin de la vision: «Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui s’élèveront de la terre.» Avec cette explication des symboles, le champ de la vision est définitivement ouvert devant nous.
Si ces bêtes représentent quatre rois, ou royaumes, nous pouvons nous demander, où commencerons-nous et quels sont ces quatre empires représentés? Ces bêtes s’élèveront consécutivement, car ils sont énumérés du premier au quatrième. Le dernier subsiste encore lorsque les scènes terrestres s’achèvent par le jugement final. Depuis l’époque de Daniel jusqu’à la fin de l’histoire de ce monde, il devait y avoir seulement quatre empires universels, comme nous l’avons appris par le songe de la grande statue de Nébucadnetsar, dans Daniel 2, songe interprété soixante-cinq ans plus tôt. Daniel vivait encore sous le royaume représenté par la tête d’or.
La première bête de cette vision doit donc représenter le même royaume que la tête d’or de la grande statue, appelé Babylone. Les autres bêtes représentent sans aucun doute, les royaumes successifs dépeins par cette statue. Mais si cette vision couvre essentiellement la même période de l’histoire que la statue de Daniel 2, la question qui se pose est: pourquoi fut-elle donnée? Pourquoi la première vision ne fut-elle pas suffisante? Nous répondons que l’histoire des empires du monde est présentée et représentée pour détacher certaines caractéristiques, certains faits et particularités additionnels. La leçon nous est donnée «règle sur règle» en accord avec les Ecritures. Dans le chapitre 2, seul l’aspect politique du pouvoir mondial est décrit. Ici, les gouvernements terrestres sont présentés en relation avec la vérité et le peuple de Dieu. Leur vrai caractère est révélé par les symboles utilisés, à savoir, les bêtes.
VERS. 4: «Et quatre grands animaux sortirent de la mer, différents l’un de l’autre. Le premier était semblable à un lion, et avait des ailes d’aigle; je regardais, jusqu’au moment où ses ailes furent arrachées; il fut enlevé de terre et mis debout sur ses pieds comme un homme, et un coeur d’homme lui fut donné.»
Le lion.--Dans la vision de Daniel 7, la première bête vue par le prophète était un lion. Au sujet de l’utilisation du lion comme symbole, lire Jérémie 4:7; 50:17, 43, 44. Le lion qui apparaît dans la vision avait des ailes d’aigles. L’utilisation symbolique des ailes est décrite d’une façon impressionnante dans Habakuk 1:6-8 où il est dit que les Chaldéens «volent comme l’aigle qui fond sur sa proie».
Par ces symboles, il nous est facile de déduire que Babylone était un royaume d’une grande force, et que sous Nébucadnetsar ses conquêtes s’étendirent avec une grande rapidité. Mais il vint un moment où ses ailes lui furent arrachées. Le lion ne se précipitait déjà plus sur sa proie comme un aigle. Son audace et son courage de lion en vinrent à disparaître. Un coeur d’homme, faible, craintif, et défaillant, prit la place de la force du lion. Telle fut la condition de la nation durant les dernières années de son histoire, lorsqu’elle devint faible et efféminée par la richesse et le luxe.
VERS. 5: «Et voici, un second animal était semblable à un ours, et se tenait sur le côté; il avait trois côtes dans la gueule entre les dents, et on lui disait: Lève-toi, mange beaucoup de chair.»
L’ours.--Comme dans la statue de Daniel 2, on remarque dans cette suite de symboles une détérioration à mesure que nous descendons d’un royaume à un autre. L’argent de la poitrine et des bras est inférieur à l’or de la tête. L’ours est inférieur au lion. L’empire Médo-Perse fut inférieur à Babylone, quant aux richesses, à la magnificence et à l’éclat. L’ours se tenait sur un côté. Le royaume était composé de deux nationalités, les Mèdes et les Perses. Le même fait est représenté par les deux cornes du bélier de Daniel 8. Au sujet de ces deux cornes on dit que la plus haute s’éleva la dernière, et au sujet de l’ours, le texte indique qu’il s’appuyait plus sur un côté que sur l’autre. Ceci s’accomplit par la partie Perse du royaume, parce que bien qu’il apparaisse après, il atteint une plus grande importance que celui des Mèdes; et son influence en vint à prédominer dans la nation (Voir les commentaires sur Daniel 8:3). Les trois côtes signifient sans l’ombre d’un doute, les trois provinces de Babylonie, Lydie et Egypte, qui furent particulièrement opprimées par l’empire Médo-Perse. L’ordre de «lève-toi, mange beaucoup de chair», doit sans doute faire référence à l’encouragement que la conquête de ces provinces donna aux Mèdes et aux Perses. Le caractère de cette puissance était bien représenté par un ours. Les Mèdes et les Perses étaient cruels et rapaces, voleurs et rançonneurs du peuple. Le royaume Médo-Perse persista depuis la prise de Babylone par Cyrus jusqu’à la bataille d’Arbèles en 331 av. J.-C., soit une période de 207 ans.
VERS. 6: «Après cela, je regardais, et voici, un autre était semblable à un léopard, et avait sur le dos quatre ailes comme un oiseau; cet animal avait quatre têtes, et la domination lui fut donnée.»
Le léopard.--Le troisième royaume, la Grèce, est représenté ici, par le symbole du léopard. Si les ailes sur le lion signifiaient la rapidité des conquêtes, elles doivent avoir la même signification ici. Le léopard est lui-même un animal agile, mais ce n’était pas suffisant pour représenter la carrière de la nation symbolisée ici. On dut lui rajouter deux ailes. Deux ailes, le même nombre que le lion, n’étaient pas suffisantes; le léopard devait en avoir quatre. Ceci devait signifier une rapidité de mouvements sans précédent, ce qui est reconnu comme un fait historique du royaume Grec. Les conquêtes grecques sous la direction d’Alexandre furent sans précédent dans l’histoire antique par leur soudaineté et leur rapidité. Ses exploits militaires sont résumés par W. W. Tarn: «Il était un maître dans la combinaison d’armes diverses; il enseigna au monde les avantages des campagnes d’hivers, la valeur de la poursuite sans relâche poussée à l’extrême, et du principe de ‘marcher divisés, combattre unis’. Il marchait, en général, en deux divisions, l’une conduisant l’impedimenta et la sienne voyageant avec peu de charge; sa vitesse de mouvement était extraordinaire. On dit qu’il attribuait ses succès militaires au fait qu’il «ne négligeait rien». . . Les énormes distances qu’il parcourait en pays inconnu impliquaient une très haute capacité d’organisation; en dix ans il essuya seulement deux gros revers. . . Si un homme de moindre envergure avait tenté ce qu’il réalisa, et échoua, nous en aurions entendu suffisamment sur les difficultés militaires sans espoirs de l’entreprise».
«Cet animal avait quatre têtes». L’empire Grec maintint son unité aussi longtemps que la vie d’Alexandre. Après une brillante carrière qui prit fin lors d’une fièvre due à une orgie bien arrosée, l’empire fit divisé entre ses quatre principaux généraux. Cassandre eut la Macédoine et l’ouest de la Grèce; Lysimaque reçut la Thrace et les parties de l’Asie qui sont sur l’Hellespont [Dardanelles] et le Bosphore dans le Nord; Ptolémé reçut l’Egypte, la Lydie, l’Arabie, la Palestine et la Coelosyrie dans le Sud; et Séleucos la Syrie et tout le reste des territoires d’Alexandre le Grand à l’Est. Vers l’année 301 av. J.-C., à la mort d’Antigonos, la division du royaume d’Alexandre en quatre parties fut achevée par ses généraux. Cette division était représentée par les quatre têtes du léopard.
Les paroles de la prophétie s’accomplirent dans tous les détails. Alexandre ne laissant aucun successeur disponible, pourquoi l’immense empire ne fut-il pas divisé en de nombreux fragments insignifiants? Pour des raisons que la prophétie prévit et prédit. Le léopard avait quatre têtes, le puissant bouc avait quatre cornes, le royaume devait être divisé en quatre parties, et il le fut (Voir les commentaires plus complets sur Daniel 8).
VERS. 7: «Après cela, je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, il y avait un quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort; il avait de grandes dents de fer, il mangeait, brisait, et il foulait aux pieds ce qui restait; il était différent de tous les animaux précédents, il avait dix cornes.»
La bête épouvantable.--L’inspiration ne trouva dans la nature aucune bête pouvant symboliser le pouvoir décrit ici. L’ajout de sabots, de têtes, de cornes, d’ailes, d’écailles, de dents et de griffes à une quelconque bête dans la nature ne suffisait pas. Ce pouvoir est différent de n’importe quelle chose trouvée dans le règne animal.
On pourrait baser tout un volume sur le verset 7, mais par manque d’espace nous sommes obligés de le traiter brièvement. Cette bête correspond à la quatrième partie de la grande statue: les jambes de fer. Dans le commentaire sur Daniel 2:40 nous avons donné les raisons que nous avons de croire que ce pouvoir est Rome. Les mêmes raisons s’appliquent à la prophétie que nous étudions maintenant. Avec quelle exactitude Rome répond à la partie de fer de la statue! Avec quelle exactitude elle correspond à la bête que nous étudions. Par l’épouvante et la terreur qu’elle inspire, et par sa grande force, elle répond admirablement à la description prophétique. Jamais auparavant le monde n’avait vu chose pareille. Elle dévorait comme avec des dents de fer, elle mettait en pièces tout ce qui se trouvait sur son passage. Elle foulait les nations dans la poussière sous ses sabots d’airain. Elle avait dix cornes qui, selon ce qui est écrit au verset 24, étaient dix rois, ou dix royaumes, qui devaient s’élever de cet empire. Selon ce qui a été noté dans les commentaires sur Daniel 2, Rome fut divisé en dix royaumes. Ces divisions ont été mentionnées comme étant les dix royaumes de l’empire Romain.
VERS. 8: «Je considérais les cornes, et voici, une autre petite corne sortit du milieu d’elles, et trois des premières cornes furent arrachées devant cette corne; et voici, elle avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui parlait avec arrogance.»
Daniel considéra les cornes. Un étrange mouvement apparut parmi elles. Une autre corne, petite au début, mais plus tard plus grosse que ses compagnes, s’éleva. Elle ne se contenta pas de trouver sa place parmi les autres, et de l’occuper; elle dut en mettre quelques-unes de côté, et usurper leur place. Trois royaumes furent arrachés.
La petite corne parmi les dix.--Cette petite corne, comme nous aurons l’occasion de la décrire plus en détails, plus loin, était la papauté. Les trois cornes arrachées à la base représentaient les Hérules, les Ostrogoths, et les Vandales. La raison pour laquelle ils furent supprimés était leur opposition aux enseignements et aux prétentions de la hiérarchie papale.
Cette corne «avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui parlait avec arrogance»--les attributs de l’astuce, de la perspicacité, et des prétentions arrogantes d’une organisation religieuse apostate.
VERS. 9-10: «9 Je regardais, pendant que l’on plaçait des trônes. Et l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure; son trône était comme des flammes de feu, et les roues comme un feu ardent. 10 Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et dix mille millions se tenaient en sa présence. Les juges s’assirent, et les livres furent ouverts.»
Une scène du jugement.--On ne trouvera pas dans la Parole de Dieu, de description aussi sublime que cette scène imposante. Ce ne sont pas seulement les représentations grandioses et sublimes qui doivent attirer notre attention; la nature de la scène elle-même demande notre plus sérieuse considération. Le jugement nous est présenté. Chaque fois qu'il nous est présenté, la révérence doit s’emparer de chaque esprit, parce que nous sommes tous profondément concernés par son dénouement.
Par une traduction malheureuse du verset 9, on a de forte chance de faire naître une idée erronée. La phrase «on plaçait» vient du mot Chaldéen remi, qui peut être correctement rendue par «jeté avec violence», parole utilisée pour décrire le lancement des trois Hébreux dans la fournaise ardente, et le lancement de Daniel dans la fosse aux lions. Mais l’autre traduction également correcte est «placer ou mettre en ordre», comme la mise en place des sièges pour le jugement mentionné ici, ou aussi une mise en place ou mise en ordre comme dans Apocalypse 4:2, où le Grec a la même signification. La traduction de Daniel 7:9 par Louis Segond est donc correcte, «on plaçait des trônes». Gesenius définit la racine remah, en citant Daniel 7:9 comme exemple.
L’Ancien des jours, Dieu le Père, préside le jugement. Remarquez la description de Sa personne. Ceux qui croient en l’impersonnalité de Dieu sont obligés d’admettre qu’il est décrit ici comme un être personnel, mais ils se consolent en disant que c’est la seule description de cette sorte qu’il y a dans la Bible. Nous n’acceptons pas cette dernière assertion; mais admettons qu’elle soit vraie, une seule description de la sorte n’est-elle pas aussi fatale pour leur théorie que si elle était répétée une douzaine de fois? Les mille milliers qui le servaient et les dix mille millions qui se tenaient en Sa présence ne sont pas des pécheurs assignés à comparaître en jugement, mais les êtres célestes qui officient devant Lui, attendant Sa volonté. Jean vit les mêmes assistants célestes devant le trône de Dieu, et il décrit la scène majestueuse en ces termes: «Je regardai, et j’entendis la voix de beaucoup d’anges autour du trône et des êtres vivants et des vieillards, et leur nombre était des myriades de myriades et des milliers de milliers» (Apocalypse 5: 11). Une pleine compréhension de ces versets implique une compréhension des services du sanctuaire.
Le jugement décrit ici, est la fin du ministère de Christ, notre Souverain Sacrificateur, dans le sanctuaire céleste. C’est un jugement investigatif. Les livres sont ouverts, et les cas de tous sont examinés devant le grand tribunal, afin que soit décidé au préalable qui doit recevoir la vie éternelle lorsque le Seigneur viendra la remettre à son peuple. Un autre passage de Daniel 8:14 témoigne que cette oeuvre solennelle se réalise en ce moment même dans le sanctuaire céleste.
VERS. 11-12: «11 Je regardais alors, à cause des paroles arrogantes que prononçait la corne; et tandis que je regardais, l’animal fut tué, et son corps fut anéanti, livré au feu pour être brûlé. 12 Les autres animaux furent dépouillés de leur puissance, mais une prolongation de vie leur fut accordée jusqu’à un certain temps.»
La fin de la quatrième bête.--Il y en a qui croient qu’il y aura un règne de mille ans de justice dans le monde entier avant la venue de Christ. D’autres pensent qu’il y aura un temps de grâce après la venue du Seigneur, pendant lequel les justes immortels proclameront encore l’Evangile aux pécheurs mortels, et ils les guideront dans le chemin du salut. Aucune de ces théories ne peut être appuyée par la Bible, comme nous le verrons.
La quatrième bête épouvantable continue sans changement de caractère; et la petite corne continue à proférer ses blasphèmes, enfermant ses millions d’adeptes dans les liens de l’aveuglement de la superstition, jusqu’à ce que la bête soit livrée aux flammes dévorantes. Ceci ne représente pas sa conversion mais sa destruction (Voir 2 Thessaloniciens 2:8).
La vie de la quatrième bête n’est pas prolongée après la disparition de sa domination, comme cela arriva avec les bêtes précédentes. Leur domination leur fut enlevée, mais leur vie fut prolongée pour une période. Le territoire et les sujets du royaume Babylonien existent toujours, bien qu’ils soient ressortissants Perses. Il arriva la même chose au royaume Perse avec la Grèce, et des Grecs avec Rome. Mais qu’en est-il du quatrième royaume? Ce qui le suit n’est pas un gouvernement ou un état dans lequel les mortels ont une part. Sa carrière prend fin dans le lac de feu, et il n’a plus d’existence. Le lion fut absorbé par l’ours, l’ours par le léopard, le léopard par la quatrième bête. Mais la quatrième bête n’est pas absorbée par une autre bête. Elle est jetée dans le lac de feu.
VERS. 13-14: «13 Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme; il s’avança vers l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. 14 On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit.»
Le Fils de l’homme reçoit son royaume.--La scène décrite ici n’est pas la seconde venue de Christ sur cette terre, car l’Ancien des jours n’est pas sur la terre, et la venue dont il est question ici est celle de l’Ancien des jours. Là, en présence du Père, le Fils de l’homme reçoit la domination, la gloire, et le royaume. Christ reçoit Son royaume avant son retour sur la terre (Voir Luc 19:10-12).C’est donc une scène qui prend place dans le ciel, et qui est en étroite relation avec celle qui est présentée dans les versets 9 et 10. Christ reçoit Son royaume à la fin de sa prêtrise dans le sanctuaire. Les peuples et les nations qui le serviront sont les rachetés (Apocalypse 21:24), et pas les nations impies de la terre, car elles seront détruites par l’éclat de la seconde venue de Christ (Psaumes 2:9; 2 Thessaloniciens 2:8). Ceux qui serviront Dieu avec joie et bonheur sortiront de toutes les nations, peuples, et tribus de la terre. Ils hériteront le royaume de notre Seigneur.
VERS. 15-18: «15 Moi, Daniel, j’eus l’esprit troublé au dedans de moi, et les visions de ma tête m’effrayèrent. 16 Je m’approchai de l’un de ceux qui étaient là, et je lui demandai ce qu’il y avait de vrai dans toutes ces choses. Il me le dit, et m’en donna l’explication: 17 Ces quatre grands animaux, ce sont quatre rois qui s’élèveront de la terre; 18 mais les saints du Très-Haut recevront le royaume, et ils posséderont le royaume éternellement, d’éternité en éternité.»
La vision interprétée par Daniel.--Nous ne devrions pas être moins préoccupés que Daniel pour comprendre la vérité de ces choses. Nous avons l’assurance que lorsque nous cherchons avec un coeur sincère, nous trouverons le Seigneur aussi disposé à nous communiquer une compréhension correcte de ces importantes vérités aujourd’hui, qu’il l’était à l’époque du prophète. Les bêtes et les royaumes qu’elles représentent ont déjà été expliqués. Nous avons suivi le prophète à travers le cours des événements, et même jusqu’à la destruction de la quatrième bête, la défaite finale de tous les gouvernements terrestres. Ensuite, la scène change, puisque nous lisons: «les saints du Très-Haut recevront le royaume» (verset 18). Les saints, méprisés, couverts d’opprobre, persécutés, exilés; considérés parmi les hommes comme ceux qui étaient les moins désignés à voir se matérialiser leurs espérances, ceux-ci prendront possession du royaume pour toujours! L’usurpation et le mauvais gouvernement des impies cesseront. L’héritage perdu à cause du péché sera racheté. La paix et la justice régneront éternellement sur toute l’étendue de la terre rénovée.
VERS. 19-20: «19 Ensuite je désirai savoir la vérité sur le quatrième animal, qui était différent de tous les autres, extrêmement terrible, qui avait des dents de fer et des ongles d’airain, qui mangeait, brisait, et foulait aux pieds ce qui restait; 20 et sur les dix cornes qu’il avait à la tête, et sur l’une qui était sortie et devant laquelle trois étaient tombées, sur cette corne qui avait des yeux, une bouche parlant avec arrogance, et une plus grande apparence que les autres.»
La vérité sur la quatrième bête.--Daniel comprenait clairement tout ce qui concernait les trois premières bêtes de cette vision. Mais la quatrième bête l’étonnait par son caractère épouvantable et contraire à la nature. Il désira obtenir plus d’information au sujet de cette bête et de ses dix cornes, et plus particulièrement sur la petite corne qui était apparue après les autres, et qui avait «une plus grande apparence que les autres». Le lion est un produit de la nature, mais il lui était nécessaire d’avoir deux ailes pour représenter le royaume de Babylone. L’ours aussi se trouve dans la nature, mais comme symbole de Médo-Perse les trois côtes qu’il tient dans la bouche dénote une férocité qui n’est pas naturelle. Le léopard est également un animal de la nature, mais pour qu’il puisse représenter la Grèce de façon appropriée, il était nécessaire de lui ajouter quatre ailes et quatre têtes. Mais la nature ne pouvait donner aucun symbole qui puisse illustrer de manière adéquate le quatrième royaume. Aussi, la vision introduit-elle une bête jamais vue, une bête épouvantable et terrible, avec des griffes d’airain et des dents de fer, et qui était si cruelle, rapace et féroce, que par le plaisir qu’elle trouvait dans l’oppression, dévorait et réduisait en pièces ses victimes pour les fouler ensuite sous ses pieds.
Bien que cela lui parût stupéfiant, quelque chose d’encore plus étonnant attira l’attention du prophète. Une petite corne s’éleva, qui fidèle à la nature de la bête de laquelle elle était sortie, écarta trois de ses compagnes. Mais c’était une corne qui avait des yeux. Ce n’étaient pas les yeux incultes d’une brute, mais les yeux aigus, astucieux et intelligents d’un homme. Ce qu’il y avait encore de plus étrange, c’était qu’elle avait une bouche, et qu’avec cette bouche elle proférait des paroles pleines d’orgueil, d’absurdité et d’arrogance. Il n’est pas étrange que le prophète ait réclamé plus d’information concernant ce monstre, qui n’a rien de terrestre dans ses instincts, dans la férocité de ses oeuvres et dans ses agissements. Dans les versets suivants, des caractéristiques nous sont données concernant cette petite corne, permettant à celui qui étudie les prophéties de faire l’application de ce symbole sans danger de se tromper.
VERS. 21-22: «21 Je vis cette corne faire la guerre aux saints, et l’emporter sur eux, 22 jusqu’au moment où l’Ancien des jours vint donner droit aux saints du Très-Haut, et le temps arriva où les saints furent en possession du royaume.»
La petite corne fait la guerre aux saints.--La colère étonnante de cette petite corne contre les saints attire toute l’attention de Daniel. La naissance des dix cornes, ou mieux dit, la division de Rome en dix royaumes, entre les années 351 et 476, a déjà été étudiée dans les commentaires sur Daniel 2:41.
Comme ces cornes représentent des royaumes, la petite corne doit aussi représenter un royaume, mais pas de la même nature, parce qu’elle était différente des autres, qui étaient des royaumes politiques. Maintenant, il nous suffit de vérifier si depuis 476 ap. J.-C., aucun royaume ne s’est élevé parmi les dix divisions de l’empire Romain qui soit différent de tous les autres; et si c’est le cas, quel est-il? La réponse est: Oui, le royaume spirituel de la papauté. Il répond au symbole dans tous ses détails, comme nous le verrons au fur et à mesure de notre progression.
Daniel vit ce pouvoir faire la guerre aux saints. Y eut-il une guerre menée par la papauté? Des millions de martyrs répondent: Oui. Les cruelles persécutions contre les Vaudois, les Albigeois, les Protestants en général, témoignent contre le pouvoir papal.
Au verset 22, trois événements consécutifs semblent apparaître. En regardant plus en avant, au moment où la petite corne atteint l’apogée de sa puissance jusqu’au terme de la longue controverse entre les saints et Satan avec ses agents, Daniel note trois événements qui se détachent comme les bornes kilométriques le long du chemin:
1. La venue de l’Ancien des jours, c’est-à-dire la position que Jéhova occupe lors de l’ouverture de la scène du jugement décrite dans les versets 9 et 10.
2. Le jugement qui est donné aux saints, à savoir, le moment où les saints siègent avec Christ durant mille ans, après la première résurrection (Apocalypse 20:1-4), et assignent aux méchants le châtiment que leurs péchés méritent. Les martyrs s’assiéront alors pour juger la grande puissance persécutrice, qui, à l’époque de leur affliction les poursuivait comme des bêtes du désert, et versait leur sang comme de l’eau.
3. Le moment où les saints prennent possession du royaume, c’est-à-dire, le moment où ils reçoivent la nouvelle terre. Alors le dernier vestige de la malédiction du péché, et des pécheurs, racine et rameaux, aura été effacé, et le territoire si longtemps mal gouverné par les pouvoirs impies de la terre, les ennemis du peuple de Dieu, leur sera donné pour toujours (1 Corinthiens 6:2, 3; Matthieu 25:34).
VERS. 23-26: «23 Il me parla ainsi: Le quatrième animal, c’est un quatrième royaume qui existera sur la terre, différent de tous les royaumes, et qui dévorera toute la terre, la foulera et la brisera. 24 Les dix cornes, ce sont dix rois qui s’élèveront de ce royaume. Un autre s’élèvera après eux, il sera différent des premiers, et il abaissera trois rois. 25 Il prononcera des paroles contre le Très-Haut, il opprimera les saints du Très-Haut, et il espérera changer les temps et la loi; et les saints seront livrés entre ses mains pendant un temps, des temps, et la moitié d’un temps. 26 Puis viendra le jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais.»
L’ascension et l’oeuvre de la petite corne.--Il en a peut-être déjà été dit suffisamment sur la quatrième bête (Rome) et les dix cornes, ou dix royaumes, qui sortirent de cette puissance. La petite corne demande maintenant plus particulièrement notre attention. Comme il est dit dans les commentaires sur le verset 8, nous trouvons l’accomplissement de cette prophétie concernant cette corne dans l’ascension et l’oeuvre de la papauté. C’est un sujet à la fois intéressant et important; aussi, il faut examiner les causes qui favorisèrent le développement de ce pouvoir arrogant.
Le premier pasteur ou évêque de Rome jouissait d’un respect proportionné au rang de la ville où il résidait. Durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, Rome était la plus grande, la plus riche, et la plus puissante cité du monde. Elle était le siège de l’empire, la capitale des nations. «Tous les habitants de la terre lui appartenaient», dit Julien; et Claudien déclara qu’elle était «la fontaine des lois». «Si Rome est la reine des villes, pourquoi son pasteur ne serait-il pas le roi des évêques?» c’était le raisonnement que ces pasteurs Romains présentaient. «Pourquoi l’église Romaine ne serait-elle pas la mère de la chrétienté? Pourquoi toutes les nations ne seraient-elles pas ses enfants, et son autorité leur loi souveraine? C’était facile de raisonner de la sorte, dit d’Aubigné dont nous citons les paroles, pour le coeur ambitieux de l’homme. C’est ce que fit la Rome ambitieuse.»
Les évêques des différentes parties de l’empire Romain aimaient attribuer à l’évêque de Rome une partie de l’honneur que la ville recevait des nations de la terre. A l’origine, cet honneur qu’ils lui décernaient n’était pas de leur part l’indice de leur dépendance. «Mais--continue d’Aubigné--le pouvoir usurpé s’accrut comme une avalanche. Les remontrances, au début fraternelles, ne tardèrent pas à devenir des ordres absolus dans la bouche du pontife. . . Les évêques occidentaux favorisèrent cette usurpation des pasteurs romains, soit par jalousie envers les évêques orientaux, soit parce qu’ils préféraient se soumettre à la suprématie d’un pape plutôt qu’à un pouvoir temporel». Telles furent les influences qui se concentrèrent autour de l’évêque de Rome, et ainsi, tout tendait à l’élever rapidement à la suprématie spirituelle de la chrétienté.
Le défi de l’arianisme.--Mais le quatrième siècle était destiné à être le témoin d’un obstacle projeté en travers de la trajectoire de son rêve ambitieux. La prophétie avait déclaré que le pouvoir représenté par la petite corne écarterait trois rois. Par la naissance et l’essor de l’arianisme, au début du quatrième siècle, et le défi que présentait la suprématie papale, nous trouvons les causes qui conduisirent à l’éviction de trois des royaumes de la Rome occidentale par la puissance papale.
Arius, curé de l’ancienne et influente église d’Alexandrie, proclama sa doctrine au monde, et provoqua une controverse si violente dans l’église chrétienne que l’empereur Constantin convoqua le concile général de Nicée en 325, pour examiner ses enseignements et trancher la question. Arius maintint que «le Fils était totalement et essentiellement distinct du Père; qu’Il était le premier et le plus noble des êtres que le Père créa, l’instrument par l’action accessoire duquel le Père Tout-Puissant forma l’univers, et qui était donc aussi inférieur au Père dans sa nature que dans sa dignité.» Cette opinion fut condamnée par le concile, qui décréta que Christ était de la même substance que le Père. A la suite de cela, Arius fut exilé en Illyrie, et ses partisans se virent obligés d’accepter le credo rédigé à cette occasion.
Mais la controverse elle-même, ne pouvait cependant pas se terminer de cette façon sommaire. Durant des siècles elle continua à agiter le monde chrétien, les ariens devenant partout les ennemis acharnés du pape et de l’église Catholique Romaine. Il était évident que l’extension de l’Arianisme devait freiner la marche en avant du Catholicisme, et que la possession de l’Italie et sa capitale de renom par un peuple Arien serait fatale à la suprématie d’un évêque catholique. La prophétie a pourtant déclaré que cette corne symbolisant la papauté s’élèverait au pouvoir suprême, et qu’en accédant à cette position elle asservirait trois rois.
La petite corne renverse trois puissances ariennes.--Il y a eut certaines divergences d’opinion quant aux puissances qui furent renversées par la papauté lorsqu’elle s’éleva au pouvoir. Les remarques d’Albert Barnes sur ce sujet semblent pertinentes: «Par la confusion qui existait lors de la division de l’empire Romain, et par les récits imparfaits que nous avons des événements qui se déroulèrent lors de l’ascension du pouvoir papal, il n’est pas étonnant qu’il ait été difficile de trouver des événements clairement enregistrés qui aurait été dans tous ces aspects un accomplissement exact et absolu de la vision. Cependant, il est possible de discerner son accomplissement dans l’histoire du pape, avec un degré raisonnable de certitude.»
Joseph Mède suppose que les trois royaumes renversés étaient ceux des Grecs, des Lombards et des Francs; et Isaac Newton pense que ces trois royaumes furent l’exarchat de Ravenne, le royaume des Lombards et le sénat du duché de Rome. Thomas Newton oppose de sérieuses objections à ces deux suppositions. Les Francs ne peuvent pas être l’un de ces trois royaumes car ils ne furent jamais renversés. Quand aux Lombards, ils ne furent jamais assujettis aux papes. Albert Barnes dit plus loin: «Je ne crois pas vraiment que le royaume des Lombards était, comme on le dit communément, au nombre des souverainetés temporelles qui furent soumises à l’autorité des papes.» Le sénat et le duché de Rome ne peuvent avoir été l’un d’eux, car ils ne constituèrent jamais l’un des dix royaumes, desquels trois furent renversés devant la petite corne.
Mais nous nous rendons compte que la principale difficulté que ces deux éminents commentateurs rencontrèrent dans l’application qu’ils firent de la prophétie sur l’exaltation de la papauté, résidait dans le fait qu’ils supposèrent que la prophétie ne s’était pas encore accomplie, et qu’elle ne le serait pas tant que le pape ne deviendrait pas un prince temporel. Aussi, tentèrent-ils de trouver la réalisation de la prophétie dans les événements qui favorisèrent la suprématie temporelle du pape. Mais de toute évidence, la prophétie des versets 24 et 25, se réfèrent non pas à un pouvoir civil mais à son pouvoir de dominer les esprits et les consciences des hommes. La papauté parvint à exercer ce pouvoir en 538, comme nous le verrons plus loin.
Le mot «devant», utilisé dans les versets 8 et 20, est la traduction du Chaldéen qadam, dont le radical signifie «en face». Associé avec min qui signifie «de», Davidson le traduit par «de la présence de», et Gesenius dit qu’il équivaut à l’hébreux lipna, qui veut dire «en présence de». Il correspond donc à notre adverbe de lieu «devant» comme dans la phrase qui se trouve au verset 10, qui a été traduit de façon appropriée par «de devant lui». Nous avons donc, au verset 8, l’image d’une petite corne qui force le passage entre les dix autres et qui arrache avec violence trois cornes de devant elle. Au verset 20, il est dit: «devant laquelle trois étaient tombées» comme si elles étaient vaincues par elle. Au verset 24, nous lisons qu’un autre roi, représentant la petite corne, «abaissera trois rois [cornes]», manifestement par la violence. Bien que la parole qadam s’utilise aussi dans le sens de temps, comme au verset 7, où elle est rendue par le mot «précédent», il ne fait aucun doute qu’elle est utilisée comme adverbe de lieu dans les trois versets cités plus haut. Edward Elliott accepte tout à fait cette interprétation (Voir la page 52).
Nous affirmons en toute confiance que les trois puissances, ou cornes, renversées sont les Hérules, les Vandales, et les Ostrogoths; et cette croyance se base sur des faits historiques sérieux. Odoacre, le chef des Hérules, fut le premier des barbares qui régna sur les Romains. Il accéda au trône d’Italie en 476. Au sujet de ses croyances religieuses, Gibbon dit: «Comme le reste des barbares, il avait été instruit dans l’hérésie de l’Arianisme; mais il révérait les caractères monacaux et épiscopaux; et le silence des Catholiques atteste de la tolérance dont ils jouirent.»
Le même auteur dit: «Les Ostrogoths, les Burgondes, les Suèves, et les Vandales, qui avaient écouté l’éloquence du clergé latin, préférèrent les leçons plus intelligibles de leurs maîtres familiers; et l’Arianisme fut adopté comme la foi nationale des guerriers convertis qui s’étaient assis sur les ruines de l’empire de l’Ouest. Cette différence incompatible de religion était une perpétuelle source de jalousie et de haine; et le reproche d’être barbare était exacerbé par le plus odieux épithète d’hérétique. Les héros du Nord, qui s’étaient soumis avec répugnance à croire que tous leurs ancêtres étaient en enfer, furent étonnés et exaspérés d’apprendre qu’eux-mêmes n’étaient parvenus qu’à changer leur condamnation éternelle.»
La doctrine arienne eut une influence notable sur l’église de cette époque, comme le démontrent les paragraphes suivants: «Tout l’immense peuple Goth qui descendit sur l’empire Romain, dans ce qu’il avait de chrétien, révérait la foi de l’hérétique d’Alexandrie. Notre première version Teutonique des Ecritures fut faite par un missionnaire Arien, Ulfilas. Le premier conquérant de Rome, Alaric, le premier conquérant d’Afrique, Genséric, étaient Ariens. Théodocic le Grand, roi d’Italie, et héros de la mythologie germanique de «Nibelungen», était Arien. Le vide de son tombeau massif à Ravenne, est un témoignage de la vengeance des Orthodoxes contre sa mémoire, quand dans leur triomphe, ils brisèrent l’urne de porphyre dans laquelle ses sujets avaient gardé ses cendres.»
Ranke dit: «Mais elle [l’église] tomba, comme c’était inévitable, dans beaucoup de situations embarrassantes, et se retrouva dans une condition complètement modifiée. Un peuple païen prit possession de la Grande Bretagne; des rois Ariens s’emparèrent de la plus grande partie du reste de l’occident; tandis que les Lombards, longtemps attachés à l’Arianisme, établirent, comme leurs voisins les plus dangereux et hostiles, une souveraineté puissante aux portes même de Rome. Entre-temps, les évêques Romains, assiégés de toute part, s’efforcèrent avec toute la prudence et la persévérance, qui sont restées leurs attributs particuliers, de récupérer la suprématie, au moins dans leur diocèse patriarcal.»
Machiavelli dit: «Presque toutes les guerres que les barbares du Nord réalisèrent en Italie, qui peuvent être remarquées ici, furent occasionnées par les pontifes; et les hordes qui inondèrent le pays, furent généralement provoquées par eux.»
La relation que ces rois Ariens entretinrent avec le pape est montrée par le témoignage suivant de Mosheim dans son histoire de l’église:
«D’autre part, il est confirmé, aussi bien par une variété des annales les plus authentiques que par les empereurs, que les nations en général étaient loin de se sentir disposées à supporter patiemment le joug de servitude que le siège épiscopal de Rome imposait avec arrogance à l’église chrétienne. Les princes goths mirent des limites au pouvoir de l’évêque de Rome en Italie; ils ne permirent que personne ne fût élevé au pontificat sans leur approbation, et ils se réservèrent le droit de juger la légalité de chaque nouvelle élection.»
Une circonstance qui prouve cette déclaration arriva dans l’histoire d’Odoacre, le premier roi Arien déjà mentionné. Quand à la mort du pape Simplicius, en 483, le clergé et le peuple se rassemblèrent pour l’élection du nouveau pape, Basilius, le lieutenant du roi Odoacre apparut soudain dans l’assemblée, et il exprima sa surprise de voir qu’on entreprenait la succession du pape défunt sans lui; il déclara, au nom du roi, que tout ce qui avait été fait était annulé et il ordonna qu’on recommence à nouveau l’élection.
Pendant ce temps, Zénon, l’empereur de l’Est, et ami du pape, souhaitait chasser Odoacre hors d’Italie, ce qu’il eut très vite la satisfaction de voir se réaliser sans aucun dérangement de sa part. Théodoric avait accédé au trône du royaume Ostrogoth de Mésie et Pannonie. Etant en bons termes avec Zénon, il lui écrivit qu’il lui était impossible de retenir ses Goths dans la province appauvrie de Pannonie, et il lui demandait la permission de les emmener dans une région plus favorable qu’ils pourraient conquérir et posséder. Zénon lui donna la permission de marcher contre Odoacre et de prendre possession de l’Italie. Donc, après cinq ans de guerre, le royaume Hérule de l’Italie fut détruit, Odoacre mourut trahi, et Théodoric établit son royaume Ostrogoth dans la péninsule Italienne. Comme nous l’avons déjà mentionné, il était Arien, et il conserva la loi d’Odoacre, qui soumettait l’élection du pape à l’approbation du roi.
L’incident suivant démontrera à quel point le pape était soumis à son pouvoir. Comme les Catholiques d’Orient avaient entrepris une persécution contre les Ariens en 523, Théodoric convoqua le pape Jean et lui parla de cette façon: «Si l’empereur [Justin, le prédécesseur de Justinien] ne pense pas révoquer l’édit qu’il a promulgué dernièrement contre ceux de ma religion [c’est-à-dire les Ariens], j’ai la ferme intention de promulguer le même édit contre ceux de la sienne [c’est-à-dire les Catholiques]; et je veillerai à ce qu’il soit exécuté avec la même rigueur. Ceux qui ne professent pas la foi de Nicée sont des hérétiques pour lui, et ceux qui la professent le sont pour moi. Tout ce qui peut excuser ou justifier sa sévérité contre les précédents, excusera ou justifiera la mienne contre les derniers. Mais l’empereur--continua le roi--n’a personne autour de lui qui ose lui dire franchement et ouvertement ce qu’il pense, et il ne l’écouterait même pas s’il y avait quelqu’un pour le faire. Mais la grande vénération qu’il professe avoir pour votre Saint-Siège, ne me laisse aucun doute qu’il vous écoutera. Aussi, je veux que vous alliez immédiatement à Constantinople, et que là vous protestiez en mon nom et en votre nom, contre les violentes mesures que cette cour a engagées d’une façon téméraire. Il est en votre pouvoir d’en détourner l’empereur; et tant que vous n’y serez pas parvenu, tant que les Catholiques [ce mot, Théodoric l’applique aux Ariens] ne pourront pas à nouveau exercer librement leur religion, et tant que toutes leurs églises desquelles ils ont été dépossédés ne leur seront pas rendues, ne pensez pas revenir en Italie.»
Le pape qui reçut ainsi de l’empereur Arien l’ordre péremptoire de ne pas remettre les pieds sur le sol Italien jusqu’à ce qu’il ait accompli la volonté du roi, ne pouvait certainement pas espérer faire beaucoup de progrès dans n’importe quelle sorte de suprématie tant que ce pouvoir ne serait pas éliminé.
On peut se faire une idée exacte des sentiments que le parti du pape éprouvait envers Théodoric par le récit de leur vengeance envers sa mémoire. Ils arrachèrent de sa tombe l’urne dans laquelle ses sujets Ariens avaient recueilli ses cendres. Ces sentiments sont exprimés par Baronius lorsqu’il invective Théodoric de «barbare cruel, de tyran barbare, et d’Arien impie.»
Alors que les Catholiques ressentaient les restrictions d’un roi Arien en Italie, ils souffraient de violentes persécutions de la part des Vandales Ariens en Afrique. Elliott dit: «Les rois Vandales étaient non seulement Ariens, mais aussi persécuteurs des Catholiques, tant en Sardaigne et en Corse, sous l’épiscopat romain, qu’en Afrique.»
Telle était la situation, lorsqu’en 533, Justinien commença ses guerres contre les Vandales et les Goths. Désirant obtenir l’appui du pape et du parti Catholique, il promulgua ce décret mémorable qui devait faire du pape la tête des églises, décret, qui devint effectif en 538, date du commencement de la suprématie papale. Quiconque lit l’histoire de la campagne africaine (533-534), et de celle réalisée en Italie (534-538) remarquera que partout, les Catholiques saluèrent comme des libérateurs les soldats de l’armée de Bélisaire, le général de Justinien.
Mais aucun décret de cette nature ne pouvait rentrer en vigueur tant que les peuples Ariens qui s’y opposaient n’étaient pas vaincus. Cependant, les choses changèrent lorsque durant les campagnes militaires d’Afrique et d’Italie, les légions victorieuses de Bélisaire infligèrent un coup si terrible à l’Arianisme que ses derniers partisans furent vaincus.
Procope relate que la guerre d’Afrique était entreprise par Justinien pour soulager les chrétiens (Catholiques) de cette région, et que lorsqu’il exprima son dessein sur la question, le préfet du palais le dissuada presque de son projet. Mais il eut un rêve dans lequel il lui était ordonné «de ne pas renoncer à son projet, parce qu’en secourant les chrétiens, le pouvoir des Vandales serait abattu.»
Mosheim déclare: «Il est vrai que les Grecs qui acceptèrent les décrets du concile de Nicée [c’est-à-dire des Catholiques], persécutaient et opprimaient les Ariens partout où s’étendaient leur influence et leur autorité; mais les partisans du concile de Nicée, ne furent pas traités moins rigoureusement que leurs adversaires [les Ariens], surtout en Afrique et en Italie, où ils ressentaient d’une façon très sévère le poids du pouvoir des Ariens et l’amertume de leur ressentiment. Les triomphes de l’arianisme furent cependant transitoires, et leurs jours de prospérité furent totalement éclipsés lorsque les Vandales furent refoulés d’Afrique, et les Goths expulsés d’Italie, par les armées de Justinien.»
Elliott résume: «Je pourrais en citer trois de la liste donnée au début qui furent renversés devant le pape, à savoir: les Hérules, sous Odoacre, les Vandales, et les Ostrogoths.»
Nous croyons, en nous basant sur les témoignages cités plus hauts, que les trois cornes expulsées étaient la puissance des Hérules en 493, celle des Vandales en 534, et finalement celle des Ostrogoths en 553, bien que l’opposition effective de ces derniers au décret de Justinien cessa lorsqu’ils furent expulsés de Rome par Bélisaire en 538, selon ce qui est expliqué plus haut.
La petite corne «prononcera des paroles contre le Très-Haut».--Cette prophétie aussi, s’est malheureusement accomplie dans l’histoire des papes. Ils ont tenté, ou du moins ils ont permis qu’on leur attribue des titres qui auraient été exagérés et blasphématoires s’ils avaient été attribués à des anges de Dieu.
Lucius Ferraris, dans sa Promta Bibliotheca à laquelle se réfère la Catholic Encyclopedia comme «une véritable encyclopédie de connaissances religieuses», et «une mine précieuse de renseignements», déclare dans ses articles sur le pape, que «le pape de si grande dignité, est si exalté qu’il n’est pas un simple homme, mais comme s’il était Dieu, et le vicaire de Dieu. . . Le pape est de dignité si sublime et suprême qu’à proprement parlé, il n’a pas été établi à un rang de dignité, mais plutôt il a été placé au sommet de toutes les dignités. . . Le pape est appelé très saint car on présume qu’il l’est légitimement. . .
«Le pape seul est appelé, à juste titre, de ‘très saint’, parce que lui seul est le vicaire de Christ, qui est la fontaine, la source et la plénitude de toute sainteté. . . De plus, il est ‘le monarque divin, l’empereur suprême, et le roi des rois’... Désormais, le pape est couronné d’une triple couronne, en tant que roi du ciel, de la terre et des régions inférieures. . . En outre, la supériorité et la puissance du pontife Romain ne se réfèrent pas seulement aux choses célestes, aux terrestres et à celles qui sont sous la terre, mais aussi elles s’étendent sur les anges, car il leur est supérieur. . . De façon que s’il était possible que les anges puissent errer dans la foi, ou puissent penser différemment au sujet de la foi, ils pourraient être jugés et excommuniés par le pape. . . Parce qu’il a une si grande dignité et un si grand pouvoir qu’il forme avec Christ un même tribunal. . .
«Le pape est comme s’il était Dieu sur la terre, seul souverain des fidèles de Christ, le roi des rois, ayant la plénitude du pouvoir; à qui le Dieu omnipotent a confié non seulement la direction des choses terrestres mais celle du royaume céleste. . . Le pape a une autorité et un pouvoir si grands qu’il peut modifier, expliquer ou interpréter même les lois divines.»
Christopher Marcellus, à la quatrième session du cinquième concile du Latran, dans un discours au pape, s’exclama: «Tu es le pasteur, tu es le médecin, tu es le directeur, tu es le métayer; finalement, tu es un autre Dieu sur la terre.»
Adam Clarke dit au sujet du verset 25: «‘Il parlera comme s’il était Dieu’. C’est ce que dit Saint Jérôme de Symmaque. Ceci ne peut pas s’appliquer aussi clairement et aussi bien qu’aux papes de Rome. Ils ont assumé l’infaillibilité qui n’appartient qu’à Dieu. Ils ont professé pardonner les péchés ce que Dieu seul peut faire. Ils ont déclaré fermer et ouvrir le ciel, qui n’appartient qu’à Dieu seul. Ils ont professé être supérieurs à tous les rois de la terre, ce qui est réservé à Dieu. Ils se placent au-dessus de Dieu en prétendant relever des nations entières de leur serment d’allégeance à leurs rois, lorsque de tels rois ne leur plaisent pas. Et ils vont à l’encontre de Dieu lorsqu’ils donnent des indulgences pour le péché. C’est le pire de tous les blasphèmes.»
La petite corne «opprimera les saints du Très-Haut».--Il faut peu d’investigations historiques pour prouver que Rome, aussi bien dans l’Antiquité qu’au Moyen Age, favorisa la destruction de l’église de Dieu. Des preuves abondantes peuvent être présentées montrant que, avant et après la Réforme, les guerres, les croisades, les massacres, les inquisitions et les persécutions de toutes sortes furent les méthodes adoptées pour obliger tout le monde à se soumettre au joug Romain.
L’histoire de la persécution médiévale en est un exemple effroyable, et nous redoutons de nous étendre sur ses détails. Cependant, pour une meilleure compréhension de ce passage, il est nécessaire de rappeler certains événements de ces temps malheureux. Albert Barnes, dans son commentaire de ce passage, remarque:
«Quelqu’un peut-il douter de cette vérité concernant la papauté? L’Inquisition, la ‘persécution des Vaudois’; les ravages du Duc d’Albe; les bûchers de Smithfield; les tortures de Goa; à dire vrai, toute l’histoire de la papauté peut être invoquée pour prouver que ceci s’applique à son pouvoir. S’il y eut quelque chose qui tenta de briser ‘les saints du Très-Haut’, qui les aurait retranchés de la terre pour que la religion évangélique disparaisse, ce furent les persécutions du pouvoir papal. En 1208, le pape Innocent III proclama une croisade contre les Vaudois et les Albigeois durant laquelle un million d’hommes périrent. Depuis la fondation de l’ordre des Jésuites, en 1540, jusqu’en 1580, 900 000 personnes moururent. L’Inquisition fit périr 150 000 personnes en trente ans. Dans les Pays-Bas, 50 000 personnes furent pendues, décapitées, brûlées et enterrées vivantes pour délit d’hérésie, en l’espace de trente huit ans, par les édits de Charles V contre les Protestants, jusqu’à la paix de Cateau-Cambrésis en 1559. Dans l’espace de cinq ans et demi, sous l’administration du Duc d’Albe, 18.000 personnes furent remises aux mains des bourreaux. A dire vrai, la plus minime connaissance de l’histoire de la papauté convaincra n’importe qui, que dire qu’elle fait «la guerre aux saints», et qu’elle «opprime les saints du Très-Haut», s’applique strictement à ce pouvoir, et décrit avec exactitude son histoire.»
Ces faits sont confirmés par le témoignage de W. E. H. Lecky, qui déclare:
«Que l’église de Rome ait versé plus de sang innocent qu’aucune autre institution qui ait existé dans tout le genre humain, est quelque chose qu’aucun Protestant ne mettra en doute s’il a une connaissance complète de l’histoire. En fait, les documents qui pourraient rappeler beaucoup de ses persécutions sont si rares maintenant qu’il est impossible de se faire une idée précise de la multitude de ses victimes, et il est également certain qu’aucun pouvoir de l’imagination ne peut parvenir à comprendre leurs souffrances. . . Ces atrocités ne furent pas perpétrées en paroxysmes brefs par un royaume de terreur, ou par les mains d’un obscur sectaire, mais elles étaient infligées par une église triomphante, en toute solennité et réflexion.»
Cela ne fait aucune différence, si dans la plupart des cas les victimes furent remises aux autorités civiles. C’était l’église qui avait pris la décision sur la question des hérésies, et qui envoyait ensuite les offenseurs au tribunal séculier. Mais à cette époque, le pouvoir séculier était un instrument utilisé par les mains de l’église.
Il était sous son contrôle et il exécutait ses ordres. Lorsque l’église livrait ses prisonniers aux bourreaux pour être détruits, elle prononçait, avec une moquerie diabolique, l’expression suivante: «Nous te laissons et nous te remettons au bras séculier et au pouvoir du tribunal séculier; mais en même temps nous prions ardemment ce tribunal de modérer sa sentence pour qu’il ne verse pas ton sang, et ne mette pas ta vie en danger.» Puis, comme cela était projeté, les pauvres victimes de la haine papale étaient immédiatement exécutées.
Le témoignage de Lepicier vient à propos sur ce sujet: «Le pouvoir civil peut punir uniquement le crime d’incrédulité dans la mesure où le crime a été révélé judiciairement par des personnes ecclésiastiques, expertes dans la doctrine de la foi. Mais l’église, en prenant connaissance du crime d’incrédulité, peut décréter elle-même la sentence de mort, bien qu’elle ne l’exécute pas, mais elle en confie l’exécution au bras séculier.»
Les fausses affirmations de certains Catholiques que leur église n’a jamais tué les dissidents, ont été catégoriquement niées par l’un de leurs porte-voix autorisé, le cardinal Bellarmin, né en Toscane en 1542, et qui, après sa mort en 1621, fut sur le point d’être inscrit parmi les saints du calendrier pour les grands services qu’il rendit à l’église. Cet homme, à une certaine occasion, dans le feu d’une controverse, se trahit au point d’admettre les faits réels. Luther avait dit que l’église (en parlant de la véritable église) ne brûla jamais les hérétiques, Bellarmin, ayant compris qu’il s’agissait de l’église Catholique Romaine, répondit: ‘Cet argument ne prouve pas le sentiment mais l’ignorance ou l’impudence de Luther; puisqu’un nombre presque infini de personnes furent brûlées ou tuées d’une tout autre façon, ou Luther ne le savait pas, donc c’était un ignorant, ou, s’il le savait, il était coupable d’impudence et de mensonge--car, ces hérétiques furent souvent brûlés par l’église et cela peut être prouvé par quelques-uns des nombreux exemples.»
Alfred Baudrillart, recteur de l’Institut Catholique de Paris, en se référant à l’attitude de l’église face à l’hérésie, remarque:
«Lorsqu’elle se trouvait confrontée à l’hérésie, elle ne se contentait pas de la persuasion; les arguments d’ordre intellectuel et moral lui semblaient insuffisants, et elle recourait à la force, au châtiment corporel et à la torture. Elle créa des tribunaux comme ceux de l’Inquisition, et réclama l’aide des lois de l’Etat; si c’était nécessaire elle encourageait une croisade, ou une guerre religieuse, et toute son ‘horreur du sang’ culmine dans son incitation du pouvoir séculier à le verser, procédé qui est presque encore plus haïssable, parce que moins franc que de le verser elle-même.
«Elle agit de cette façon, surtout au XVIe siècle contre les Protestants. Elle ne se contenta pas de réformer moralement, d’enseigner par l’exemple, de convertir en envoyant des missionnaires éloquents et saints, elle alluma en Italie, aux Pays-Bas, et surtout en Espagne, les bûchers de l’Inquisition. En France, sous François Ier et Henri II, en Angleterre sous Mary Tudor, elle tortura les hérétiques, tandis qu’aussi bien en France qu’en Allemagne, durant la seconde moitié du XVIe siècle, et le début du XVIIe, si en fait elle ne les commença pas, elle stimula et participa activement aux guerres de religions.»
Dans une lettre du pape Martin V (1417-1431), se trouvent les instructions suivantes dirigées au roi de Pologne:
«Sachez que l’intérêt du Saint Siège, et de ceux de votre couronne, vous imposent le devoir d’exterminer les Hussites. Souvenez-vous que ces impies osent proclamer des principes d’égalité; ils soutiennent que tous les chrétiens sont frères, et que Dieu n’a pas donné à des hommes privilégiés le droit de gouverner les nations; ils affirment que Christ vint sur la terre pour abolir l’esclavage; ils appellent les gens à la liberté, c’est-à-dire à l’anéantissement des rois et des prêtres! Aussi, pendant qu’il est temps, dirigez vos forces contre la Bohème; tuez, faites des déserts partout parce que rien ne pourra être plus agréable à Dieu, ni plus utile à la cause des rois, que l’extermination des Hussites.»
Tout ceci est en harmonie avec l’enseignement de l’église. L’hérésie ne devait pas être tolérée, mais détruite.
La Rome païenne persécuta implacablement l’église Chrétienne. On calcule que trois millions de chrétiens périrent durant les trois premiers siècles de l’ère chrétienne. Cependant, on dit que les premiers chrétiens priaient pour que la Rome impériale subsiste, parce qu’ils savaient que lorsque cette forme de gouvernement cesserait, un autre pouvoir persécuteur encore pire se lèverait, qui littéralement devrait «opprimer les saints du Très-Haut», selon la déclaration de cette prophétie. La Rome païenne pouvait tuer les enfants, mais elle pardonnait aux mères; tandis que la Rome papale tuait aussi bien les mères que les enfants. Il n’y avait pas d’âge, ni de sexe ni de condition qui puisse être à l’abri de sa colère implacable.
La petite corne «espérera changer les temps et la loi».--Quelle loi? Pas la loi des autres gouvernements terrestres; car il n’était pas rare qu’une puissance change les lois d’une autre, chaque fois qu’elle réussissait à mettre cette autre puissance sous sa domination. Pas des lois humaines ou rien de la sorte; car la petite corne avait le pouvoir de changer les lois humaines partout où sa juridiction s’étendait; mais, les temps et la loi mentionnés ici étaient de telle nature que cette puissance pouvait seulement penser les changer, mais elle était incapable de le faire. C’est la loi du même Etre à qui appartiennent les saints qui sont opprimés par ce pouvoir, à savoir, la loi du Très-Haut. Le pape a-t-il tenté de la changer? Oui, réellement.
Il a ajouté le second commandement au premier, pour en faire un seul, et il a divisé le dixième en deux, ainsi le neuvième interdit de convoiter l’épouse du prochain, et le dixième la propriété de son voisin, afin de conserver le nombre total de dix. Bien que toutes les paroles du second commandement soient conservées dans la Bible Catholique Romaine et dans le Catéchisme Romain autorisé par le Concile de Trente, on trouve dans les deux, des explications minutieuses précisant que dans le cas des images et des choses semblables, sauf celles de Dieu lui-même, leur fabrication et leur emploi n’est pas interdit par le commandement quand elles sont utilisées pour vénérer les vertus des saints, et non pour les adorer comme des dieux, ce qui est expressément interdit par le commandement. Le même principe est aussi appliqué aux cendres, aux os et autres reliques des saints, et aux représentations des anges.
Certains auteurs Catholiques ont beaucoup à dire pour justifier leur église de l’usage des images dans leur culte; et ils nous parlent surtout de leur utilité «pour enseigner au peuple de grandes vérités religieuses.» Mais en réalité, dans le culte catholique, le rôle joué par les images ne se limite pas à la phase didactique. On leur voue une vénération, et le peuple s’incline devant elles et les honore, choses qui sont précisément interdites, car la défense de faire des images taillées s’applique quand elles sont destinées à des fins de culte, et pas lors de l’enseignement.
Quant au quatrième commandement, qui est le troisième après les changements opérés, le catéchisme de la plus haute autorité dans l’église Catholique conserva tout le commandement et insista pour que l’observation scrupuleuse du jour du repos dans la vie personnelle et le culte public soit un privilège et un devoir sacré.
Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.
Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosternera point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères et des enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fait miséricorde jusqu’en mille générations de ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.
Tu ne prendras point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain; car l’Eternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.
Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Eternel a fait les cieux , la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Eternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié.
Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne.
Tu ne tueras point.
Tu ne commettras point d’adultère.
Tu ne déroberas point.
Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.
Un seul Dieu tu adoreras, Et aimeras parfaitement.
Dieu en vain tu ne jureras, Ni autre chose pareillement.
Les dimanches tu garderas, En servant Dieu dévotement.
Tes père et mère honoreras, Afin de vivre longuement.
Homicide point ne feras, De fait ni volontairement.
Luxurieux point ne seras, De corps ni de consentement.
Le bien d’autrui tu ne prendras, Ni retiendras à ton escient.
Faux témoignage tu ne diras, Ni mentiras aucunement.
L’oeuvre de chair ne désireras, Qu’en mariage seulement.
Bien d’autrui ne convoiteras, Pour les avoir injustement.
Cependant, elle déclara que le jour particulier, le Sabbat qui devait être observé, était en relation avec les ordonnances cérémonielles juives, et qu’avec elles il fut aboli en Christ.; raison pour laquelle le jour de repos doit être observé le premier jour de la semaine, jour appelé plus communément dimanche.
Pour appuyer la brève déclaration qui précède sur le changement «des temps et de la loi» par le pape, nous présenterons des preuves prises de ce Catéchisme de la plus haute autorité dans l’église Catholique Romaine. En accord avec The Catholic Encyclopedia, «l’autorité de ce catéchisme est supérieure à tout autre, mais elle n’atteint pas bien sûr le niveau de celle des canons et des décrets d’un concile.»
Avant de présenter les citations, il faut d’abord préciser que dans le gouvernement de l’église Catholique Romaine, les canons et les décrets d’un concile ecclésiastique oecuménique sont à la fois officiels et suprêmes. Parmi tous ces conciles ecclésiastiques oecuméniques, celui de Trente, célébré à Trente en Italie, entre 1545 et 1563, est le plus marquant. Puisque ce concile appelé à contrecarrer l’influence de la Réforme protestante, traitait largement des doctrines et des coutumes de l’église, décréta officiellement que: «le saint synode ordonnera à tous les évêques. . . [d’expliquer les sacrements] tous les sacrements, en accord avec la forme prescrite par le saint synode, dans un catéchisme, que les évêques auront soin d’avoir traduit fidèlement dans la langue populaire et exposé au peuple par les prêtres des paroisses.»
En réponse à cet ordre, un catéchisme fut composé en Latin pour l’église Catholique Romaine par Saint Charles Borromée et d’autres théologiens, en 1566, et publié à Rome par la Congrégation Vaticane pour la propagation de la foi, sous le titre de Catechismus Romanus ex decreto Sacrosancti Concilii Tridentini, jussu S. Pii V Pontificis Maximi editus, en d’autres termes, «Catéchisme Romain selon le décret du Concile Sacré de Trente, publié par ordre de sa sainteté Pie V, Pontifex Maximus.»
Ce livre a été traduit en Anglais par le révérend J. Donovan, prélat et domestique de Sa Sainteté Grégoire XVI,» etc., et publié à Dublin avec une préface datée du 10 Juin 1829. Ce livre s’intitule Catechism According to the Decree of the Council of Trent, édité sur l’ordre de notre très illustre seigneur Pie V.
De la cinquième édition de ce Catéchisme Romain publié à Rome en 1796, nous mentionnerons la citation suivante, prise de la Traduction Anglaise de Donovan, sur le quatrième (le troisième dans le décalogue Catholique) commandement:
«Il plut à l’église de Dieu, que la célébration religieuse du jour du Sabbat soit transférée au ‘Jour du Seigneur’, [c’est-à-dire le dimanche]; puisque ce jour fut le premier où la lumière brilla sur le monde, ainsi notre vie sortit des ténèbres à la lumière en ressuscitant ce jour-là notre Rédempteur, qui nous ouvrit la porte de la vie éternelle; c’est aussi pour cette raison que les Apôtres voulurent l’appeler le ‘Jour du Seigneur’. Nous observons aussi dans les Ecritures sacrées que ce jour était tenu pour sacré parce que ce jour-là, la création du monde commença, et le Saint-Esprit fut donné aux disciples.»
Ici, la papauté déclare que l’église Catholique Romaine a changé le moment de l’observation du Sabbat du septième jour enregistré dans le décalogue par le premier jour de la semaine, qui est ici appelé par erreur «le Jour du Seigneur» (Voir commentaire sur Apocalypse 1: 10). Il faut observer que les apôtres sont ici rendus responsables d’avoir changé le septième jour par le premier, mais sans citer aucune preuve des Ecritures, parce qu’il n’y en a pas. Toutes les raisons de ce changement données ici, sont purement humaines et sont une invention ecclésiastique.
Le témoignage précédent suffit à montrer comment la papauté tenta de changer les temps et la loi. Comment, plus tard les catéchismes Catholiques Romains pour l’instruction des «fidèles» déclarèrent avec audace que l’église changea le jour et raillèrent les Protestants parce qu’ils acceptaient et observait le changement, se trouve dans notre commentaire sur la marque de la bête, dans l’interprétation du chapitre 13 d’Apocalypse.
Avant de laisser ce thème sur le changement du Sabbat, il serait instructif d’observer les autres raisons données par la papauté sur cette modification, en plus de l’assertion erronée que le changement a été fait par les apôtres. Dans ce même catéchisme Romain auquel nous nous sommes déjà référés plus haut, se trouve une tentative d’explication sur la différence qu’il y a entre le commandement du Sabbat et les autres du décalogue:
«Car la différence est évidente, que les autres préceptes du décalogue sous la loi naturelle, sont perpétuels et immuables; c’est pour cette raison que bien que la loi de Moïse fut abrogée, le peuple chrétien garde encore tous les commandements qui sont sur les deux tables, non pas parce que Moïse l’ordonna, mais parce qu’ils sont en accord avec la loi de la nature, par la force de laquelle les hommes sont poussés à leur observation; mais ce commandement touchant à la sanctification du Sabbat, [si nous considérons le temps assigné pour son observation], n’est pas fixe et immuable, mais il est susceptible d’être changé, parce qu’il n’appartient pas à la loi morale mais à la loi cérémonielle, il n’est pas non plus un principe naturel, car la nature ne nous enseigne pas et ne nous forme pas à donner un culte extérieur à Dieu ce jour plutôt qu’un autre; mais à partir du moment où le peuple d’Israël fut libéré de l’esclavage de Pharaon, ils observèrent le jour du Sabbat. . .
«Mais le moment où l’observation du Sabbat fut abolie, est le même que celui où les autres rites hébraïques et les cérémonies furent abrogés, à savoir à la mort de Christ; parce que ces cérémonies étant des ombres de la lumière et de la vérité à venir (Hébreux 10:1), il était nécessaire qu’elles soient abolies lors de la venue de la lumière et de la vérité, lesquelles sont Jésus-Christ.»
Le lecteur doit seulement se rappeler que la loi des dix commandements fut écrite par le doigt de Dieu sur des tables de pierre, alors que la loi cérémonielle fut écrite dans un livre par Moïse. De plus, le Décalogue fut écrit avant que les lois cérémonielles fussent données à Moïse. Croyons-nous que Dieu soit capable de mélanger un commandement cérémoniel avec les neufs de la loi morale, et d’en confier la correction à un corps ecclésiastique présomptueux? En fait, le motif pour lequel on devait se reposer le septième jour, était selon ce qui est indiqué dans le commandement lui-même, parce que le Créateur lui-même se reposa ce jour-là, et le mit à part comme un monument commémoratif de Son oeuvre créatrice, sans la moindre suggestion qu’il puisse être une «ombre des choses à venir» en Christ, que tous les rites et les ordonnances cérémoniels annonçaient.
Une autre citation du Catéchisme Romain vaut la peine d’être prise en considération:
«Les apôtres décidèrent donc de consacrer au culte divin le premier des sept jours, qu’ils appelèrent ‘le jour du Seigneur’; Jean fait mention du ‘jour du Seigneur’ dans l’Apocalypse (Apocalypse 1:10); et l’apôtre ordonna que les collectes se fassent le premier jour de la semaine (1 Corinthiens 16:2), c’est-à-dire le ‘Jour du Seigneur’, selon l’explication de Chrysostome, laissant à entendre que déjà le ‘jour du Seigneur’ était considéré comme saint par l’église».
En plus d’accuser faussement les apôtres d’avoir changer le jour du Sabbat, il nous est dit ici, que les calculs commerciaux de leurs comptes le premier jour de la semaine constituent une raison de l’observer comme jour de repos contrairement à la loi immuable de Dieu.
Cette citation révèle aussi le fait qu’on s’appuie plus sur les pratiques et les interprétations des pères, comme «saint Chrysostome» cité ici, plutôt que les Ecritures elles-mêmes pour prouver que le Sabbat de la loi de Dieu fut changé au dimanche.
Il est nécessaire de faire ici une autre remarque, surtout pour que le clergé et les laïques Protestants la prennent en considération. Dans ce catéchisme Romain, composé sur ordre du pape Pie V vers le milieu du XVIe siècle, sont contenus pratiquement tous les arguments utilisés par les Protestants de nos jours pour appuyer le changement du Sabbat du septième jour au premier jour de la semaine. Remarquez bien ce qui suit:
Ils avancent sans aucune preuve que le Sabbat du septième jour faisait partie de la loi cérémonielle (bien qu’il était inclus au coeur même de la loi morale écrite par le doigt même de Dieu), et qu’il fut donc aboli par Christ.
Ils affirment avec audace que les apôtres ordonnèrent que le premier jour de la semaine devait être observé à la place du septième, en citant le terme «jour du Seigneur» utilisé par Jean dans Apocalypse 1:10, malgré le fait que le seul jour que Dieu ait jamais mis à part comme étant saint et lui appartenant, se reposant lui-même ce jour-là, fut le septième jour du quatrième commandement.
Ils soutiennent que la loi sur le repos du Sabbat «concorde avec la loi de la nature» en exigeant l’interruption de tous travaux et l’observation d’un jour de méditation et de culte; mais ils affirment que le moment de son observation est «susceptible d’être changé», vu que selon leur argument, «il n’appartient pas à la loi morale mais à la loi cérémonielle», par conséquent il fut changé par les apôtres, par les Pères, et par l’église au premier jour de la semaine.
Les arguments qu’ils utilisent en faveur d’un changement sont que la lumière brilla sur le monde pour la première fois le premier jour de la semaine; la résurrection de Christ eut lieu ce jour-là; le Saint-Esprit descendit sur les apôtres ce même jour de la semaine; Paul conseilla aux chrétiens de faire leurs calculs commerciaux le premier jour de la semaine et ils en mirent une certaine partie de côté pour le Seigneur. Tous ces arguments sont inventés par les hommes et il n’y a aucune autorité biblique pour en justifier le changement. Les seules raisons données par le Créateur et le Seigneur du Sabbat, sont qu’Il a créé le monde en six jours, Il s’est reposé le septième, et Il a mis ce jour à part pour un saint usage de la même façon permanente et immuable qu’Il créa toute chose durant les autres jours de la semaine de la création.
Parfois, les Protestants ne se rendent pas compte qu’en défendant le sabbat du Dimanche, ils utilisent les arguments catholiques romains contenus dans le Catéchisme du Concile de Trente publié au XVIe siècle; mais le fait est que chacun d’eux mentionné plus haut se trouve dans cet ouvrage. Nous appelons chaque Protestant à se séparer complètement de la papauté, et à prendre la Bible, et rien que la Bible dans sa croyance et sa pratique.
«Un temps, des temps et la moitié d’un temps».--Le pronom «ils» («les saints», dans la Bible en français) contenu dans cette phrase englobe les saints, les temps, et la loi déjà mentionnée. Pendant combien de temps devaient-ils être livrés entre les mains de ce pouvoir? Un temps, comme nous l’avons vu dans Daniel 4: 23, représente une année; deux temps, la plus petite quantité qui peut être désignée par un pluriel, deux ans; et la division d’un temps, la moitié d’un temps soit une demi année. Le mot «moitié» dans la phrase: «la moitié d’un temps» est traduite du Chaldéen pelag, que Gesenius définit comme «une demie», et il prend Daniel 7:25 comme exemple. La Septante le traduit par «demi». Nous obtenons donc une durée de ce pouvoir de trois ans et demi. La parole chaldéenne pour «temps» dans le texte que nous étudions est iddan, que Gesenius défini comme étant utilisé dans «le langage prophétique pour désigner une année. Daniel 7:25.»
Nous devons considérer que nous nous trouvons au milieu d’une prophétie symbolique, en conséquence, cette mesure de temps ne peut pas être littérale mais symbolique. La question qui nous vient à l’esprit est la suivante: quelle est la durée de la période représentée par les trois ans et demi du temps prophétique? Le principe qui nous est donné dans la Bible est que lorsque un jour est utilisé dans une prophétie symbolique, il représente une année (Ezéchiel 4:6; Nombres 14:34). En référence à la parole hébraïque yom, qui signifie jour, Gesenius fit cette remarque au sujet de son pluriel: «Parfois yamim signifie une période de temps définie; par exemple un an; comme aussi en syriaque et en chaldéen, iddan signifie aussi bien temps que année.»
Les étudiants de la Bible ont reconnu ce principe à travers les siècles. Les citations suivantes révèlent comment les divers auteurs s’accordent sur ce sujet. Joachim, abbé de Calabre, une des grandes figures ecclésiastiques du XIIe siècle, applique ce principe de un jour année à la période de 1260 ans. «La femme enveloppée du soleil, représentant l’église, resta dans le désert cachée de la vue du serpent, un jour étant accepté sans aucun doute pour une année, et 1260 jours pour le même nombre d’années.»
«Trois temps et demi, c’est-à-dire, 1260 années solaires, en calculant un temps pour une année civile de 360 jours, et un jour pour une année solaire. Après quoi, «viendra le jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais.»
L’année biblique, qui doit être utilisée comme base du calcul, avait une durée de 360 jours (Voir les commentaires sur Apocalypse 11:3). Trois années et demie comptaient 1260 jours. Comme chaque jour représente une année, nous obtenons 1260 ans de suprématie de cette corne. La papauté a-t-elle dominée pendant une telle période? La réponse est: oui. L’édit de l’empereur Justinien, daté du l’année 533 après J-C, fit de l’évêque de Rome la tête de toutes les églises. Mais cet édit ne put rentrer en vigueur tant que les Ostrogoths Ariens, la dernière des trois cornes qui devaient être arrachés pour laisser la place à la papauté, soient expulsés de Rome; et ceci s’est accompli, selon ce qui a déjà été mentionné pages 51 et 52, en 538. L’édit n’aurait eu aucune valeur si ce dernier événement n’avait eu lieu; en conséquence, nous devons calculer à partir de cette dernière date, car en réalité les saints ne tombèrent pas entre les mains de ce pouvoir avant cette date. Mais la papauté exerça-t-elle sa suprématie pendant 1260 ans à partir de cette date? Exactement. Parce que 538+1260 = 1798; et cette année-là (en 1798) le Général Berthier, avec l’armée Française, entra à Rome, proclama la république, fit prisonnier le pape, et infligea une blessure mortelle à la papauté. Bien que jusqu’alors elle ne parvînt pas à retrouver tous les privilèges et l’immunité qu’elle possédait avant, nous assistons actuellement à la restauration graduelle de son pouvoir antérieur.
Puis viendra le jugement.--Après avoir décrit la terrible carrière de la petite corne, et déclaré que les saints seraient livrés entre ses mains pendant 1260 ans, période qui nous amène à 1798, le verset 26 déclare: «Puis viendra le jugement, et on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais. Au verset 10 du même chapitre nous avons substantiellement la même expression concernant le jugement: «les juges s’assirent». Il semble correct de penser qu’il s’agit du même jugement dans les deux cas. Mais la scène sublime décrite au verset 10 est l’ouverture du jugement investigatif dans le sanctuaire céleste, comme nous le verrons dans les remarques sur Daniel 8:14 et 9:25-27. La prophétie situe l’ouverture de cette scène du jugement à la fin des 2300 années, qui se terminèrent en 1844 (Voir les commentaires sur Daniel 9: 25-27).
Quatre ans après, en 1848, la grande révolution qui secoua tant de trônes en Europe, expulsa aussi la papauté de ses domaines. Sa restauration eut lieu peu de temps après, par la force des baïonnettes étrangères qui la soutinrent jusqu’à ce qu’en 1870 elle subit la perte de son pouvoir temporel. La chute de la papauté en 1798 marque la fin de la période des 1260 ans, et constitue la «blessure mortelle» d’Apocalypse 13:3; mais selon la prophétie, cette blessure mortelle devait être «guérie».
La blessure mortelle doit guérir.--En 1800, un autre pape fut élu, et son palais et sa domination temporelles sur les états pontificaux lui furent rendus, et comme le dit George Croly, célèbre commentateur britannique, il récupéra toutes ses prérogatives, excepté celle d’exercer des persécutions systématiques, parce que la «blessure mortelle» commençait à cicatriser (Apocalypse 13:3).
Comment cette «blessure mortelle» pouvait-elle guérir, et les caractéristiques de Daniel 7:26, «on lui ôtera sa domination, qui sera détruite et anéantie pour jamais» se réaliser? Comment pouvons-nous expliquer ce paradoxe apparent? Quelles que soient les difficultés exégétiques, le fait subsiste que dans l’histoire de la papauté on trouve ces deux caractéristiques.
En 1844, le jugement commença son oeuvre dans le sanctuaire céleste (vers. 10). Au verset 11, on nous dit que «à cause des paroles arrogantes que prononçait la corne. . .l’animal fut tué». Le 8 Décembre 1854, le pape promulgua le dogme de l’immaculée conception. En 1870, les armées de Victor Emmanuel retirèrent à la papauté son pouvoir temporel, alors que le Vingtième Concile Oecuménique décrétait l’infaillibilité papale quand elle parle ex cathedra, c’est-à-dire, lorsqu’en tant que pasteur ou docteur de tous les chrétiens, elle définit une doctrine concernant la foi ou la morale. Mais malgré les honneurs croissants accumulés par le clergé sur l’évêque de Rome, la papauté perdit complètement le pouvoir temporel. Depuis lors, les papes s’enfermèrent comme des prisonniers dans le Vatican, à Rome, jusqu’à la signature du Concordat avec l’Italie, en 1929, qui lui rendait «la domination» sur la Cité du Vatican, une petite partie de la ville de Rome.
VERS. 27-28: «27 Le règne, la domination, et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son règne est un règne éternel, et tous les dominateurs le serviront et lui obéiront. 28 Ici finirent les paroles. Moi Daniel, je fus extrêmement troublé par mes pensées, je changeai de couleur, et je conservai ces paroles dans mon coeur.»
Après avoir contemplé le tableau sombre et désolé de l’oppression de l’église par la papauté, le prophète est autorisé à tourner à nouveau ses regards sur le repos glorieux des saints, lorsqu’ils posséderont à jamais le royaume, libres de tout pouvoir oppressif. Comment les fils de Dieu pourraient-ils résister dans ce monde actuel si pervers, au milieu de la tyrannie et de l’oppression des gouvernements de la terre, et des abominations qui s’y commettent, s’ils ne pouvaient voir par avance, le royaume de Dieu et le retour de leur Seigneur, avec la pleine assurance que les promesses concernant ces deux thèmes s’accompliront avec certitude, et avec rapidité?
Les Prophéties de Daniel et l’Apocalypse by Uriah Smith (Copyright 1999-2001) is electronically published with the generous permission of the translator. The French text, which is a translation of the official 1944 English edition of The Prophecies of Daniel and the Revelation by Uriah Smith, was supplied in HTML format. It was reformatted by the curator (who is not the translator) of the Seventh-day Adventist Bible Prophecy Books (http://ourworld.compuserve.com/homepages/clt4) Internet site
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